1. |
Ruisseau
01:36
|
|||
2. |
Au volant de mon reître
03:58
|
|||
-----Au volant de mon reître-----
Dans le labyrinthe de routes départementales pourries
qui sillonnent la plaine verdoyante crottée et moite
il y a des villages qui apparaissent comme les témoins
d'un périple inconnu où je navigue quand je suis lasse
Les champs de maïs forment des palissades étranges
qui resplendissent dans les couchers de soleils estivaux
des sangliers traversent ivres de tout ce grain facile
et forment les carcasses putrides qui gisent dans les fossés
Dans le village où on célèbre les grenouilles grillées
un vieux tout rouge fume encore des gitanes accoudé à un mur
Toujours bourré il salue les bagnoles sans les reconnaître
L'alcool conserve et fige les silhouettes dans ce paysage
La forêt resplendit dans la couleur froide des feux
Un lièvre tente de passer puis un chevreuil quand
ce n'est pas la silhouette blanche d'une âme perdue
le long de cette route enfouie dans le massif, l'été
Le cœur meurtri, l'âme peinée au volant de mon reître
je cherche une vallée consolatrice, la beauté dans le vallon
A trop tirer sur les rênes, sans cesse, je n'ai plus de maître
Livré à moi même je fuis les fantômes dans l'abandon
La route me possède encore et toujours défoncé au matin
Les tourments de la nuit n'ont fait qu'introduire ce silence
Des parois de la maison à mon âme qui saigne de ce vide
Je ne trouve que l'envie de m'échapper par les sentiers d'hier
|
||||
3. |
Tombeau de hêtres
04:29
|
|||
-----Tombeau de hêtres-----
La forêt est le dernier refuge de l'âme
ll y coule des sources depuis la côte boisée
là où la terre devient sablonneuse et dorée
comme le temps passé par un tamis sans âge
L'hiver, la neige immaculée ensorcelle tout
Les troncs deviennent des arêtes noires
qui fendent l'horizon en bribes étranges
aux motifs froids et sourds
Les épines et les fougères protègent les tanières
le vent balaye le massif d'un souffle froid
les buses tuent le silence en criant
tournant autour de moi et s'agitant
Au printemps les crapauds copulent dans l'étang
et la menthe s'apprête à sortir de l'eau
l'arbre du pendu resplendit de reflets
ponctués de roseaux et de nids cachés
L'été je traverse les massifs asséchés
les hêtres font leur utile pénitence
Ils finiront par être remplacés par d'autres
plus agiles, ainsi va le temps
La chapelle l'automne redevient moite
sa pourriture et ses failles verdâtres
redeviennent un vestige qui survit
auprès des siens, les buses les hêtres
|
||||
4. |
Éoliennes
04:25
|
|||
-----Éoliennes-----
Les éoliennes tournent sur les champs dénudés
Jaunis par les pestilences d'acides profits
et se cassent parfois ; une pâle gît froidement
çà et là des antennes fleurissent pour capter
l'air revendu à perte vers des marchés
qui ne connaissent ni la terre ni les âmes
qui bossent dans un centre d'enfouissement de déchets
pourquoi ces prés sont devenus des poubelles
de l'oubli il n'est nul profit souhaitable
Pourtant il y a une beauté étrange
quand les pâles soufflent cette musique
la nuit, constellée de lumières rouges
Les biches se sont apparemment habituées
Je me souviens dans nos virées d'antan
la main dans la mienne qui s'est perdue
Au crépuscule, à chanter les pâtures enfouies
et le meuglement des vaches qui nous suivaient
avec l'air léger du soir qui me consolait
La silhouette du clocher au loin nous appelle
c'est la détonation du 12 qui nous rejoint
quand on chassait le canard et les grives
Pourtant c'est sale les oiseaux qui passent
près des pylônes et de ces putains d'éoliennes
paysage maussade, idem sur l'infini
Il ne reste que les moulins pour brasser
Mon futur tracé dans le silence contraint
à travers les vitrages de me vie défilant
|
||||
5. |
L'éternelle campagne
04:07
|
|||
-----L'éternelle campagne-----
Dans le ciel ombragé resplendit une lumière
qui éveille le souvenir passé de la rivière
on y jouissait de toute la beauté du monde
à pêcher des truites et nager sous la cascade
Il y avait toujours ce bout de cordes suspendu
au grand tilleul qui s'abreuvait de l'eau claire
au son des guitares de nos aînés et des sourires
suspendus à la jeunesse désormais éternelle
Au cimetière je connais plus de monde qu'ailleurs
je me souviens de son visage naïf et pur
qui me revient le soir parfois en passant là
et les yeux fatigués de ce pauvre coco
Ils ont tué son chien, ils ont violé son corps
j'ai pissé sur la tombe de tes bourreaux
cette bande d'encul** t'ont rejoints maintenant
qu'ils brûlent de mille feux pour l'éternité
Le vieux Fernand était vraiment complètement cinglé
avec sa fouine sur son épaule c'était le parrain
d'une rue dégueulasse qui ressemble à une déchetterie
je revois son fils essayait de le tuer à coups de hache
Giselle ôh Giselle, vieille maquerelle superbe
comme nous aimions ton bistro, comme d'antan et ton chien
qui répondait qu'à toi et au martinet cinglant
dans le décors à l'effigie de Jean-Ma dont on riait
A l'éternelle campagne qui habite mon cœur
devenue invisible et parfois si vide
je souffle sur cette cendre qui traverse
un peu mon cœur et mon âme éveillée
|
||||
6. |
La chasse
04:32
|
|||
-----La chasse-----
Les sentiers noirs d'épines aiguisées
contiennent l'humidité et la chaleur
des tanières dissimulées sur les côtes
où se forment dans les friches des coulées
Dans le miroir, on scrute la bécasse
qui s'envole à la verticale, majestueuse
un coup de 16 détonne quand le chien
marque l'arrêt de sa figure noble
La chasse commence au crépuscule
sur l'étang gelé qui reflète encore
un ciel rosé, froid et flamboyant
où s'agitent les silhouettes sombres
Une bécassine survole le marais
plonge vers la surface comme un mirage
par delà l'horizon qui s'étoile
avec la lune blanche, poésie nocturne
Une sarcelle est passée tandis qu'au loin
les chiens aboient et sont au ferme
avec un putain de ragondin qui fend
la chair de ses incisives tranchantes
A la cabane on picole en écoutant avec respect
les vieux chasseurs qui racontent sobrement
comment manger les tripes de la bécasse crues
sur une tartine grillée et vin blanc
|
||||
7. |
Au pays de Jeanne d'Arc
04:19
|
|||
-----Au pays de Jeanne d'Arc-----
Au pays de Jeanne d'Arc, un jour de pluie
l'église de Bonnet apparait comme un phare
à la légende, à l'éleveur de cochon
Saint-Florentin guérit les hallucinations
c'est cette vieille folle qui me l'a dit
elle m'aurait fait passer sous le gisant
Dans le cimetière abandonné surplombant
la plaine fluviale humide et chaude
les croix moussues gardent la mémoire
des morts recroquevillés dans l'éternité
où les frênes gardent de profondes racines
Qui y puisent la vie en gardiens honnêtes
La chapelle le long d'une route a gardé
en mémoire de l'au delà, depuis longtemps
les fresques des Trois Vifs qui croyaient
pouvoir jouir de tout en oubliant facilement
les vanités sur terre, que la mort rappelle
Un château au fond d'un vallon apparait
comme le songe d'une forteresse heureuse
qui brandit ses remparts pour défendre
la vie de ses manants et de ses bonnes âmes
ébranlés souvent par les ravages du temps
|
||||
8. |
Rurbania
05:15
|
|||
-----Rurbania-----
La nuit porte en elle tous les possibles
en dehors de la ville, éclairée de mille feux
sur les routes stridentes qui fuient à 160
où défilent les images de mon sombre passé
Dans la quiétude éternelle, voute céleste
préservée vers des territoires inconnus
si vastes et purs, par delà les apparences
qui mentent et trahissent les sentiments
au vallon irrigué des puissants ruisseaux
où l'eau pure fait naître cresson et crapauds
les truites remontent à la source et sèment
en de derniers espoirs fertiles, les alevins
Oublions les champs orangés, sacrifiés encore
par dessus les champs de bataille et les profits
il y a encore l'espoir, encore une fois
la liberté des grands espaces, sans contraintes
Dans l'aube ensoleillée, il y a une promesse sans faille
qui n'est pas encore souillée, putride et sale
au coucher de soleil et aux silhouettes des clochers
qui distillent les images de demain même si
ils apparaissent comme des vestiges du passé
qui redessinent notre futur et le recommencement
le défi de se hisser sur les cimes, pour l'honneur
pour les morts, pour nos futures sépultures damnées
chant d'airain à travers les champs fleuris
martres joueuses qui sont cachées auprès des cimes
mycéliums enfouis qui fructifient généreusement
et rendent toujours leur richesse si l'on sait cueillir
la beauté et la grâce de cette terre qui se mérite
dans la pénombre d'un futur froid et cruel
il faut chanter ces cadeaux des dieux
et les vieux saints oubliés dans les chapelles crasseuses
|
||||
9. |
Streaming and Download help
If you like Rurbania, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp